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Réforme du collège : donnons plus d’autonomie aux établissements

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La réforme du collège portée par Najat Vallaud-Belkacem a le mérite de s’engager, même si c’est encore modeste, sur la voie d’une plus large autonomie des établissements scolaires. Le MLG appelle le gouvernement à aller plus loin dans cette direction pour bâtir une éducation publique nouvelle, en phase avec les enjeux du XXIe siècle.

Réforme du collège : donnons plus d'autonomie aux établissementsLa rentrée des collégiens est l’occasion de revenir sur le projet de réforme adopté en juin par les députés, qui introduit 20% d’autonomie dans l’organisation du temps scolaire. Sans être révolutionnaire, cette réforme va permettre aux établissements de mener des projets interdisciplinaires ou d’offrir à leurs élèves de nouvelles options, ce qui amorce un changement déjà très positif.

Comme pour toute réforme de l’éducation, ce projet a donné lieu à ses traditionnels mouvements de contestation, dont les motivations profondes semblaient plutôt tenir au refus de principe à toute évolution plutôt qu’à l’amélioration du service public dans l’intérêt des enfants. Les enseignants ne s’y sont pour la plupart pas trompés, au vu de la faible mobilisation – à peine plus de 10% de profs en grève dans le public. Rassurant.

Il est plus que temps de dépasser un conservatisme éducatif qui freine aujourd’hui toute innovation pédagogique et empêche l’adaptation de l’école aux mutations sociétales que nous vivons.

Compte tenu de l’incertitude sur les transformations du monde dans lequel évolueront demain nos enfants, l’heure est à l’ouverture dès le collège de leur horizon sur la richesse des possibles qui les attendent, pour reprendre la formule d’André Gorz. Ca n’est certainement pas le moment d’envisager pour certains collégiens, comme le propose à droite Bruno Lemaire, une pratique renforcée de la mécanique dans une logique de spécialisation professionnelle, alors même que l’automatisation des tâches s’apprête à faire disparaître l’essentiel des emplois restants dans ce domaine.

C’est au contraire en confiant aux chefs d’établissement la maîtrise de leur projet pédagogique, mais aussi la liberté de recruter leurs équipes, notamment en dépassant les cadres étroits de la fonction publique, qu’on pourra favoriser l’apparition d’une offre pédagogique diversifiée. Le maintien d’un socle d’apprentissages fondamentaux communs à tous les enfants pourra parfaitement s’accorder d’une telle liberté d’approche pédagogique, si on veille simplement à vérifier les acquis en fin de cursus.

Dans cette logique, il faudra également en finir avec la carte scolaire, qui n’a jamais favorisé l’égalité que dans l’imaginaire politique, contribuant en réalité à renforcer des ghettos urbains où se concentrent les difficultés scolaires comme sociales.

S’il y a bien un enjeu que pose dès à présent l’évolution du monde dans lequel grandissent nos enfants, c’est celui de l’apprentissage des langues, qui mérite d’être largement renforcé et ce, sans élitisme. A ce titre, les efforts entrepris dans le cadre de cette réforme sont encore très insuffisants.

Toutefois, c’est pour nous au travers du développement de l’autonomie accordée aux établissements, que nous souhaitons voir concerner la moitié du temps scolaire, qu’on répondra au mieux à cet enjeu. C’est aussi le meilleur moyen d’apporter aux enfants un éclectisme éducatif, d’autant plus stimulant qu’on pourrait, sur ces temps choisis, sortir des schémas d’apprentissage et d’évaluation traditionnels et favoriser le mélange d’élèves de classes et même d’âges différents.

Ce qui nous parait déjà essentiel, c’est qu’on cesse de constituer des classes autour des choix optionnels, comme c’est encore trop souvent le cas. C’est le meilleur moyen non seulement de donner toute leur valeur et toute leur utilité à ces activités complémentaires, mais aussi de faire reculer les logiques perverses suscitées jusqu’à présent par certains cursus ou enseignements, souvent choisis par une minorité de parents uniquement pour offrir à leurs enfants des conditions d’éducation privilégiées.

Enfin, pour assurer pleinement la réussite d’une telle réforme, c’est dès l’école primaire, parent pauvre de l’Éducation nationale, voire dès la maternelle qu’il faut l’envisager, en renforçant significativement les moyens consacrés à l’éducation des plus jeunes, afin d’assurer d’abord l’acquisition par tous les enfants des savoirs et compétences nécessaires à une entrée au collège dans de bonnes conditions.


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